Book Club des Cotonettes 9: La ronde des esprits de Nalo Hopkinson

Le dernier roman proposé dans le cadre du cycle de lecture les auteurs Afro-Caribéens dans la catégorie Science-Fiction, m’a totalement captivée. Il s’agit de La ronde des esprits de Nalo Hopkinson.

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Book Club des Cotonettes : La ronde des esprits de Nalo Hopkinson

Toronto, fin du XXe siècle. Emeutes et guerre civile sont le lot quotidien d’une cité devenue un bidonville géant où la criminalité règne en maître, tandis que les nantis ont fui vers des banlieues qui se sont érigées en remparts contre la ville  » maudite « . Le truand Rudy Sheldon, à la tête d’une bande de trafiquants de drogues, tient le centre-ville sous sa coupe, usant de pouvoirs occultes que lui procure la pratique de rites ancestraux. Et c’est vers lui que se tourne le gouvernement pour le mandater d’une mission secrète : trouver un coeur humain afin d’accomplir la greffe dont le premier ministre a un besoin vital.

Book Club des Cotonettes : La ronde des esprits de Nalo Hopkinson – La Revue

Alors comment vous parler de ce roman sans vous spoiler l’histoire ?
Déjà, ce n’est pas de la science-fiction comme on l’entend avec vaisseaux spatiaux et aliens. L’auteur Nalo Hopkinson, originaire de la Jamaïque, a réussi l’exercice périlleux de mélanger l’univers mystique au quotidien plus que chaotique de la vie en milieu urbain.

Ce roman parle du fossé entre les classes sociales.

Avec suffisamment d’argent, on pouvait connaître les plaisirs de la ville sans jamais mettre les pieds dans ses rues.

Le récit se déroule dans la grande ville de Toronto, méconnaissable : le centre-ville déserté par ceux qui en ont les moyens n’est plus que le théâtre lamentable des débrouillards, des pauvres (beaucoup d’enfants vivant dans la rue) et des drogués. Les besoins les plus élémentaires ne sont pas pourvus et certains en arrivent à manger de la terre ou à se nourrir dans les poubelles. La vie humaine n’a pas de prix et les pauvres servent de réserves d’organes pour les riches barricadés derrière leurs barrières gardées.

Ce roman parle de transmission.

De toute façon, souviens-toi que j’ai essayé de t’enseigner ce que je faisais et tu t’es enfuie.

Gros-Jeanne à Ti-Jeanne

Les gens n’ont plus d’espoir, ou vraiment très peu dans cette ville où Gros-Jeanne, vieille guérisseuse, s’emploie à ce qu’elle fait le mieux: soigner le corps et l’âme avec les médicaments classiques et avec les plantes. Elle enseigne cette science à sa petite-fille Ti-Jeanne, pas très intéressée.
Ce livre a fait remonter quelques souvenirs où je vois ma grand-mère cueillir quelques plantes derrière la maison pour me faire des bains de feuilles lorsque j’étais en pleine crise de paludisme. Aujourd’hui, je suis incapable de savoir quelle plante utiliser pour soigner telle ou telle maladie et c’est dommage.

Ce roman parle de spiritualité noire

Chaque fois qu’un Africain meurt, son esprit s’envole vers la Terre de Guinée. C’est l’autre monde, le monde des esprits.

Gros-Jeanne

Il est beaucoup question d’esprits et la fin du roman en est l’apothéose. Ce roman aurait pu être écrit par une personne d’Afrique Centrale, d’Haïti ou du Brésil tant il y est questions d’esprits que l’ont pourrait reconnaître d’un côté ou de l’autre du Passage du Milieu: esprit de l’eau, esprit guérisseur, esprit de mort etc. Je ne m’y connais pas du tout donc je ne vais pas m’embarquer dans des explications hasardeuses. Mais il est indéniable que la source est la même qu’on l’appelle Santeria, Vodou, ou Obeah. Dans « La ronde des esprits » Nalo Hopkinson montre que les pratiques peuvent servir le bien ou le mal selon le coeur de celui qui en fait usage.

Ce roman parle de la relation mère-fille

Je sais que tu ne voulais pas ce bébé. Des fois, tu voudrais presque t’en débarrasser, n’est-ce pas ? (…) Ne t’en fais pas comme ça chérie, les enfants provoquent ces choses-là parfois. Ce n’est pas facile, mais si tu ne prends pas le temps de connaître ton enfant, vous n’arriverez jamais à vivre ensemble. J’en sais quelque chose.

Gros-Jeanne à Ti-Jeanne

On y voit tour à tour des relations compliquées entre Gros-Jeanne (la grand-mère) et Mi-Jeanne (la mère), entre Gros-Jeanne et Ti-jeanne (la petite-fille) et entre Ti-Jeanne et Le Bébé (son fils qui n’a pas de nom). Beaucoup de non-dits, de rancoeur et finalement de la reconnaissance. L’amour est pudique et parfois douloureux entre ces 3 femmes.

Je vois bien ce roman adapté en film. un film bien palpitant qui te fait te ronger les ongles jusqu’à la fin…

Lydvina - Rédactrice Lifestyle

Avec plus de 8 ans de blogging dans le compteur, je constate que la petite bourse n'empêche pas le bel art de vivre à la française ! C'est ce que je vous démontre en partageant mon carnet de sorties culturelles, les bonnes adresses restaurants, les expositions à voir ou les livres à dévorer sur les terrasses de café.