Book Club des Cotonettes 7: La vie sans fards de Maryse Condé

Le mois d’Avril a marqué l’entrée dans un nouveau cycle de lecture: les auteurs Afro-Caribéens. Dans la catégorie Roman Bio/aventures, notre choix de lecture s’est porté sur « La vie sans fards » de Maryse Condé.

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Book Club des Cotonettes – La vie sans fards de Maryse Condé

« Narrer la vie sans fards, sans les embellissements rétrospectifs du récit de soi, telle est l’entreprise de Maryse Condé. De Paris à Londres, en passant par la Guinée et le Ghana, dans le bouillonnement intellectuel de la Négritude, parmi les heurts politiques d’un continent livré aux révolutions, c’est avant tout la construction d’une Antillaise libre et orgueilleuse, luttant farouchement pour son désir, entre son devoir de mère et sa propre réalisation. C’est l’Afrique toujours imaginée et enfin domptée. C’est la naissance d’un écrivain, dans toute la vérité de sa nature. »

Book Club des Cotonettes – La vie sans fards de Maryse Condé: La revue

Ce livre est d’une dureté sans pareille. En lisant le titre, on s’attend en effet à ce que l’auteur ne prenne pas de gants, mais quand même! Peut-être est-ce tout simplement une métaphore de la vie, la vraie vie et non celle des romans ou aujourd’hui, des réseaux sociaux.
Ce roman semble être une suite de mauvais choix plus ou moins assumés par Maryse Condé. Elle s’est mariée pour les mauvaises raisons avec la mauvaise personne, elle est allée en Afrique pour les mauvaises raisons, elle a fait des enfants pour les mauvaises raisons (d’ailleurs je m’interroge sur le système de contraception à cette époque). Tout cela avec en fond une quête d’identité et d’acceptation de soi.
Je pense qu’il convient de lire ce roman après avoir lu tous les romans précédents de Maryse Condé. En effet, elle y donne beaucoup de clés permettant de comprendre certains personnages et certaines situations dans En attendant la montée des hauts, Heremakhonon ou Les derniers rois mages.
C’est aussi un roman-catalogue où Maryse Condé donne beaucoup de références littéraires Africaines, Haïtiennes et Antillaises. J’ai d’ailleurs noté quelques livres que j’ai glissé dans mon panier d’achat.

La situation politique de la Guinée post-indépendance dépeinte est, elle-aussi, sans fards. Il est désolant de constater, une fois de plus, que nos hommes politiques n’ont très souvent aucun esprit patriotique une fois arrivés au pouvoir. C’était le cas pour Sékou Touré et c’est encore le cas aujourd’hui dans bien des pays. Frappés d’amnésie fulgurante concernant leurs promesses électorales, ils veulent manger le plus possible sans se soucier du misérable sort de leurs compatriotes. La moindre opinion contraire est vite étouffée, son auteur jeté en prison ou contraint à s’exiler.

Ce roman est le théâtre de l’échec de la révolution socialiste en Afrique Noire. « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans les fers ». Cette phrase de Sékou Touré est d’autant plus révoltante que dans les faits, il ne s’inclut pas dans le « Nous ». Et comment être libre quand on n’a rien dans le ventre et que nos enfants sont emportés par la rougeole et le kwashiorkor ?

Après lecture, on oscille entre questionnement et pessimisme. En tant qu’Africaine, j’ai vécu ce roman comme une invitation à faire des recherches et à lire plus d’auteurs pour aller plus loin, pour essayer de comprendre d’où on vient.

La Revue de C. De Leen

Ce livre porte bien son titre: Maryse Condé nous livre un récit lucide parfois froid et cynique des sociétés dans lesquelles elle a vécu.

C’est le récit d’une vie qui se veut ordinaire qui nous ramène à nos propres interrogations, à notre propre histoire. Elle veut connaître l’Afrique mais une fois qu’elle y est, elle ne semble pas faire les efforts attendus pour s’y intégrer. Aucune explication sur cet entêtement à conserver sa singularité, un quasi refus de s’intégrer à une société que l’on a choisi d’embrasser.
Une ambivalence entre le fantasme de la « terre qui lui permettra de se réaliser » et les a priori légués par ses parents.

J’ai été marquée tout le long de ce récit autobiographique par cette quête quelque peu égoïste de soi, cette lutte perpétuelle entre ce que la société et la famille attendent de nous et nos propres désirs sur fond d’instabilité politique. Cette volonté de casser les carcans de la société peu importe laquelle, à tout prix.

Lydvina - Rédactrice Lifestyle

Avec plus de 8 ans de blogging dans le compteur, je constate que la petite bourse n'empêche pas le bel art de vivre à la française ! C'est ce que je vous démontre en partageant mon carnet de sorties culturelles, les bonnes adresses restaurants, les expositions à voir ou les livres à dévorer sur les terrasses de café.