La vie sociale d’une introvertie

Il y a quelques temps, je regardais un film (je ne saurais vous dire lequel, certainement un des téléfilms de M6 l’après-midi) dans lequel l’une des actrices allait voir un psychologue pour enfants parce qu’elle ne comprenait pas son fils.
Elle pensait qu’il était autiste parce qu’il aimait jouer tout seul et ne supportait pas qu’on rentre dans sa chambre sans s’annoncer au préalable.

Je me suis moi-même demandée quel genre d’enfant j’étais. Comme tout le monde, je pourrais dire que j’étais une enfant comme les autres mais je ne fais pas confiance à mes souvenirs.

J’ai donc posé la question à mon père. Après m’avoir cuisinée pour savoir d’où me venait ce genre de questions, il m’a dit que j’étais toujours dans mes livres, que j’allais me cacher dans les toilettes pour lire (et surtout pour fuir les tâches ménagères). Il m’a dit aussi que j’avais des hobbies de vieille (j’aimais faire du crochet à 8 ans). J’ai rigolé en l’entendant ouvrir le tiroir des dossiers anecdotes. Mais il en ressort de cette conversation que je jouais comme les autres enfants mais que je préférais rester seule, dans les nuages. Je me rappelle qu’il me répétait souvent « il faut suivre! » dans le sens « Reste Focus ». A l’époque, je ne comprenais pas pourquoi il me le disait, avec le recul, c’est limpide. Je rêvais beaucoup.

Il faut dire que cela n’a pas changé avec l’âge. J’aime toujours autant lire, j’aime toujours autant rêver même si la vie d’adulte me rappelle très vite qu’il faut « suivre ». Mais c’est fatiguant de suivre: suivre l’actualité, suivre les gens, suivre les tendances, suivre, suivre…

Club des Cotonettes - vie sociale d'une introvertie
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Introvertie dans la vie professionnelle

L’entreprise est le lieu par excellence où je me sens constamment agressée. Pourquoi ? L’open space.

On y est sans cesse interrompu, on doit se montrer sympa, aller faire des pauses avec le groupe, se montrer avenant, être compréhensif quand le voisin parle fort au téléphone…

J’ai compris avec le temps que, ce n’est pas mon travail qui me fatigue. Ce sont les gens.

Je ne suis pas timide. Je ne dis rien quand je n’ai rien à dire. Je préfère observer les gens et les analyser dans ma tête. Mais, dans ce cas, en général, on me demande « ça va ? Tu es bien silencieuse dis? Tu es malade ? »
Je passe donc pour une antipathique, qui menace les collègues en pleine bataille de Nerf, qui mange parfois toute seule en regardant par la fenêtre ou en lisant un livre en version digitale quand je n’ai pas envie de faire l’effort de sociabiliser. Cela me convient et si vous avez écouté notre épisode de podcast sur le monde du travail, vous savez que si je pouvais travailler de chez moi toute ma vie, je le ferais.

Seulement, ce n’est pas comme cela que l’on se construit un réseau professionnel. Ce n’est pas comme cela que l’on monte les échelons. Il faut savoir se faire remarquer, parler fort et beaucoup (même pour ne rien dire de pertinent) à grand renfort de mots clés, aller faire une pause clope avec les bonnes personnes pour être dans leurs petits papiers et négocier sa prime en douceur.

Je ne fais rien de tout cela. Je préfère que mon travail parle pour moi. Mais le travail de qualité ne parle pas toujours assez fort, et comme je n’ai pas envie de fournir deux fois plus d’efforts pour avoir la moitié des récompenses (dédicace à la tirade de Papa Pope à Olivia dans la série Scandal), je ne monterai pas bien loin. Je l’ai accepté.

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Introvertie dans la vie privée

Je connais beaucoup de personnes et j’ai, comme vous, plusieurs cercles: celui de la famille, celui des internets, celui de la musique, celui de l’église… Mais une chose est sûre, dans chacun de ces cercles, il y a des membres de la famille que j’ai choisie. Ce sont les personnes à qui je peux confier mes doutes, mes préoccupations, mes hontes sans avoir peur d’être jugée et condamnée.

Avec la famille que j’ai choisie, on se parle tous les jours ou presque par Whatsapp.
Oui Whatsapp est mon mode communication privilégié. J’ai une sainte horreur des appels. Je dois avouer que je regarde très souvent mon téléphone sonner sans décrocher en priant que la personne laisse un message vocal. Je ne décroche pas les appels de numéros que je ne connais pas. Mon père m’a longtemps fustigée parce que je ne répondais pas au téléphone (je trouvais toujours une excuse bidon), que ce n’est pas correct de fonctionner de cette manière quand on vit à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Puis, il a fini par comprendre. On se parle par Whatsapp plusieurs fois par semaine, et de temps en temps, je l’appelle.

Recevoir un appel vocal me pousse dans mes retranchements, comme si en décrochant, je devrais répondre à des questions pièges là tout de suite. Pourquoi ? J’ai besoin d’analyser les choses avant de répondre. Parce que je suis une rêveuse (rappelez vous), j’ai peur de ne pas suivre, de rater quelque chose, de dire ce que l’autre n’avait pas besoin d’entendre, de manquer d’empathie sur le moment, d’être trop tranchante…

La vie étant ce qu’elle est, je n’ai pas l’occasion de voir la famille que j’ai choisie autant que je le voudrais, mais j’aime les moments que nous passons ensemble. Ce sont mes moments sociabilisation favoris où je peux rire aux éclats, poser mille et une questions profondes et parler aussi fort que j’en ai envie. Mais aussi agréables soient ces moments, j’ai quand même besoin ensuite de passer du temps seule pour digérer ce lot d’émotions et d’informations, soit en allant marcher toute seule, soit en restant tout simplement chez moi volets baissés avec de la nourriture, un livre et/ou une série à Binger.

Attention, je ne suis pas une complète sauvage à vivre dans une grotte non plus. J’arrive à m’en sortir plus ou moins parce que j’ai appris à me connaître. J’apprends à mettre une pause à mon introversion et à mes rêveries quand il le faut pour parler en public (quand je sais exactement ce que j’ai à dire), chanter devant un Olympia blindé, mettre l’ambiance lors d’une soirée entre amis ou trancher et prendre une décision quand personne ne veut le faire. C’est drainant mais j’apprends à le faire.

Si vous vous reconnaissez dans tout ce que je viens de décrire, Bienvenue! J’espère que vous avez trouvé le cercle dans lequel vous pouvez être vous-mêmes. J’espère que vous avez pu développé vos stratégies de survie dans ce monde d’extravertis.

Besos !

L.

Lydvina - Rédactrice Lifestyle

Avec plus de 8 ans de blogging dans le compteur, je constate que la petite bourse n'empêche pas le bel art de vivre à la française ! C'est ce que je vous démontre en partageant mon carnet de sorties culturelles, les bonnes adresses restaurants, les expositions à voir ou les livres à dévorer sur les terrasses de café.

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