Book Club des Cotonettes 5: Coupables vous êtes de Lorenzo Lunar

De Cuba, je garde le souvenir de mes cours d’histoire au lycée avec l’étude de la période de la Guerre Froide. Un pays Communiste contre L’Occident. J’ai aussi, comme tout le monde, l’image des façades très colorées bien que parfois croûtées, des hommes âgés assis au bord de la route, vêtus de blanc, un cigare au bec et le chapeau vissé sur la tête, des femmes voluptueuses bronzées, de la musique dans l’air.

On retrouve un peu de cet univers dans le polar « Coupables vous êtes » de Lorenzo Lunar mais aussi des facettes moins pittoresques de Cuba.

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Book Club des Cotonettes : Coupables vous êtes de Lorenzo Lunar

Pour la catégorie Auteur(e) afro-latino-américain(e) – Polar, votre choix s’est donc porté sur Coupables vous êtes de Lorenzo Lunar.

Santa Clara, ville de province cubaine. Le cadavre d’un caïd est découvert non loin de la gare routière. L’arme du crime étant un marteau de cordonnier, le commissaire de quartier Leo Martín soupçonne tout de suite son ennemi juré, Chago Le Boeuf, dont c’est la profession. Sauf que celui-ci vient de lui-même au poste pour déclarer le vol de l’outil… puis il annonce qu’il souhaite collaborer avec la police sur cette affaire. Sa piste : les prostituées.
Aux côtés d’un Leo Martín toujours en proie à ses démons, le lecteur découvre la vie des jineteras, jeunes femmes vendant leurs charmes aux hauts fonctionnaires cubains comme aux touristes, à travers une galerie de personnages féminins aux caractères bien trempés. L’une d’elle pourrait bien être impliquée dans le meurtre

Book Club des Cotonettes : Coupables vous êtes de Lorenzo Lunar – La Revue

J’ai lu ce livre d’une traite. Non pour l’intrigue policière qui n’était pas particulièrement palpitante, disons-le mais bien à cause des personnages.

Je suis une personne qui aime écouter les histoires sur la vie des gens, m’en inspirer pour imaginer des scénarios de vie (ou de film) et j’ai bien aimé lire les histoires de chaque personnage dans ce polar, notamment celles des femmes.

D’abord La Cuqui. Une femme qui a su tirer son épingle du jeu, qui a su tirer profit de sa beauté, de son corps pour se faire une place et une réputation dans un monde qui ne donnait pas beaucoup de chances aux femmes. Elle est en contrôle de son image et vit en capitaine de son navire.

Puis La China. Une jeune femme impétueuse, presque effrontée, puissante dans ce désir de revendiquer et de choisir ce qu’elle voulait pour sa vie, pour son corps, sans se cacher. Si en plus elle peut bénéficier de la protection d’une divinité, pourquoi se gêner ?

Le Cuba décrit dans ce polar m’a paru familier. Peut-être parce qu’il ressemble à bien des républiques « démocratiques » communistes de l’autre côté de l’Atlantique. J’ai grandi dans un pays, le Gabon, qui a connu pendant longtemps le régime du Parti Unique avec des « Camarades » et des groupes d’animation dont la seule légitimité était de chanter les louanges du Parti et user de délation pour avoir un congélateur, un sac de riz ou une place dans l’administration.

« Le camarade dirigeant, celui qui a été le chef et l’amant de la Cuqui quand elle a débuté comme secrétaire, disposait de réfrigérateurs, de téléviseurs, de lave-linges et de tourne-disques… qu’il pouvait distribuer comme récompenses aux meilleurs travailleurs. Modernes et soviétiques. Comme il se devait pour tout bon dirigeant syndical de ces années-là. »

Comme la mère de Leo, j’ai connu une grand-mère qui devait elle aussi se démener pour mettre du riz dans nos assiettes pendant que d’autres vivaient dans le faste le plus insolent.

« Depuis que la période spéciale a commencé, ma mère ne pense qu’aux stratagèmes auxquels elle doit recourir pour mettre quelque chose sur la table. Elle a déjà expérimenté un tas de recettes alternatives – du hachis de peaux de bananes, des écorces de pomelo panées aux allures d’escalopes. Tous les deux jours, avec un stoïcisme olympien, elle fait la queue devant la rudimentaire presse à hamburger pour pouvoir, carte d’identité en main, acheter des steaks hachés à base de soja, de sang de taureau et de viande maigre. Elle raccommode de vieux vêtements – ceux de mon défunt père, les siens et les miens – pour les échanger contre des tubercules ou du saindoux auprès de paysans qui apportent dans le quartier leur marchandise de contrebande. »

Le roman se lit bien même si la fin est un peu précipitée et évidente.
Le petit plus: la playlist de morceaux sélectionnés par l’auteur pour bien se plonger dans l’univers du roman.

Je vous laisse avec notre petite sélection de livres de littérature Afro proposés dans le cadre de ce Book Club (voir le coin shopping) et le lien vers les revues des livres précédents.

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Besos!

L.

Lydvina - Rédactrice Lifestyle

Avec plus de 8 ans de blogging dans le compteur, je constate que la petite bourse n'empêche pas le bel art de vivre à la française ! C'est ce que je vous démontre en partageant mon carnet de sorties culturelles, les bonnes adresses restaurants, les expositions à voir ou les livres à dévorer sur les terrasses de café.